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Voyage en France, par Ulrich Severin (Senden/Munster)

Depuis deux ans un seul sujet ne semble préoccuper voir dominer nos vies. Comme ma famille et moi n’avions aucune envie de se laisser gâcher nos vies bien précieuses par un petit virus hargneux, on a décidé de faire notre Tour de France d’été annuel malgré tout !

 

Permettez-moi de vous emmener avec nous sur notre chemin :

 

Bien évidemment vaccinés, évitant les grandes foules et respectant tout protocole sanitaire, notre petit camping-car chargé avec le matériel indispensable y inclus l’équipement de planche à voile, nous sommes partis pour l’île d’Oléron. Sachant que le chemin le plus court n’est pas forcément le plus beau, nous avons fait quelques détours afin de rencontrer des amis qui nous sont bien chers sur notre chemin.

 

Le périple commence une belle journée de juillet sous un ciel bleu joliment ensoleillé. Comme première étape la ville de Metz est envisagé, 450 km auraient dû être possible dans six heures de trajet. J’adore le conditionnel comme il laisse toujours de la place aux imprévus… Et oui, NOUS on n’avait pas prévu qu’on partait un vendredi après-midi avec deux ou trois autres familles partant en vacances en même temps que nous puisqu’il s’agissait de la dernière journée scolaire. Bref, il nous fallait onze heures avant de pouvoir planter nos petites tentes, la table et les chaises sur la pelouse du camping municipal de Metz. Comme ce camping se trouve dans un cadre verdoyant très agréable au bord de la Moselle, et l’accueil y est toujours cordial, la fatigue du voyage de bouchon à bouchon dissipait assez rapidement. Apéro, pâtes, un petit verre de Pinot Noir et puis bonne nuit.

 

Le clocher de la cathédrale (5mns à pied du camping) me réveille vers six heures du matin. Il fait déjà jour et sur la Moselle on aperçoit encore un peu de brume matinale derrière laquelle se cachent quelques canards colverts. Je dois m’arracher de cette mise en scène paisible pour préparer le petit déjeuner qui me fera mériter l’affection de mes trois dames lesquelles je vais bientôt réveiller… Pain au chocolat et croissants chauds trempés dans leur café nous entamons le petit déjeuner avant de reprendre la route.

 

L’étape suivante nous mènera à Risolet un tout petit bled dans la commune de Montclar, à proximité du Lac de Serre-Ponçon dans le 04. On y rencontrera d’anciens amis que nous connaissons depuis une vingtaine d’années déjà. Ils ne sont non seulement Allemands comme nous mais partagent aussi un certain amour pour la France ce qui entre-outre nous réunit. Avant d’y arriver il va falloir parcourir 730km passant par Dijon, Beaune, contournant Lyon pour ensuite quitter l’autoroute à Grenoble pour longer le Vercors jusqu’à Lus-la-Croix-Haute afin d’arriver à Gap. Direction Digne-les-Bains on longe une partie du Lac de Serre-Ponçon. Son gigantesque barrage de terre nous a aussi impressionnés que les vastes terrains de fruiticulture qu’on aperçoit dans les vallées situées au bord de la D900b. Ce peut-il que cette région soit en quelque sorte le verger de la France ? Quelle belle route !!! Déjà la vue sur les Préalpes après avoir passé la gare de Péage de Voreppe me coupe le souffle ! Notre vieille caisse, une VW Bus camping , année 1994, 77ch Diesel, véritable fumeur ne roule pas vite et encore moins en grimpant la montagne nous est fidèle. Elle est tout à fait contente de rouler sur la voie pour véhicules lents méritant des klaxonnements furieux des PL qui nous collent au cul mais ne peuvent pas doubler…

Arrivées à Risolet on fête les retrouvailles avec nos amis parmi lesquelles on reste cinq jours en explorant la région. On monte sur le Pic de Bernadez (2430m), explore la vallée sauvage de l’Ubaye, se baigne dans le Lac de Serre-Ponçon et évidemment déguste la riche cuisine des Alpes de Haute Provence. Y inclus le Rosé et le Génépi, cela va de soi !

Oléron étant encore loin nous quittons les Alpes après avoir rendu hommage en silence aux victimes du vol 4U9525 au mémorial du Col de Mariaud.

 

Le prochain arrêt se trouvera en Auvergne. Un trajet de 498km sur la transeuropéenne nous conduit à Eglise Neuve d’Entraigues au sud de Clermont Ferrand où notre ancienne stagiaire et aujourd’hui consœur la Docteure Emma KUNEGEL nous attend. La vue sur les Puys depuis l’autoroute A72 nous fait frémir tellement c’est beau tout comme le reste de cette belle région volcanique. En traversant les montagnes et ses vallées nous savourons chaque instant de ce paysage plongé dans un vert que je n’avais jamais vu avant. Et le nombre de vaches… C’est pour ces braves bêtes que notre consœur a décidé d’y accepter son premier emploi après avoir quitté l’ENVA.

 

Nous laissons notre brave voiture dans un très beau camping dont le propriétaire est content de pouvoir accueillir du monde. Comme il vit du tourisme il nous explique que la situation actuelle lui aurait couté presque son existence. Il venait de rénover l’intégralité de son camping en 2019 et n’a vu en 2020 et 2021 que quelques randonneurs et cyclistes faisant étape dans son établissement.

 

Emma, faisant désormais parti de notre famille, vient nous chercher pour aller dîner à Condat dans une auberge auvergnate au Lac Des Moines. On soigne les relations de France-Allemagne-Vétérinaire dans un cadre intime accompagné de Truite de Romanange et un délicieux choix de fromages d’Auvergne. Nos discussions se poursuivent jusqu’à deux heures du matin sur la terrasse d’une petite hutte en bois sur le camping avant que Emma ne nous quitte non sans nous dédier un exemplaire de sa thèse dont je suis particulièrement fier ! L’amitié franco-allemande vécue…

 

En route, 491km nous séparent de notre destination Oléron ! Nous allons traverser la Corrèze, passer par Brive la Gaillarde et Saintes pour enfin arriver au Camping La Campière dans la commune de Chaucre au nord de l’île. Ce camping présente comme camping familial de taille très humaine, géré par ses propriétaires. Cela est devenu plutôt rare nos jours, la plupart des campings appartenant aux grandes chaines d’hôtellerie de plein air. Nous passons deux semaines sublimes dans une ambiance qui me rappelle les petits campings du midi ou je passai la quasi-totalité de mes grandes vacances. Tout le monde se parle, les enfants jouent ensemble, on prend l’apéro ensemble et on joue à la pétanque ce jeu convivial qui souffre de maintes préjugés en Allemagne : jeu de vieillards obèses qui ne bougent que pour se rendre au boulodrome à l’heure de l’apéro. D’accord, on ne peut pas convaincre tout le monde, surtout les personnes ne sachant pas de quoi ils parlent. Le tournoi auquel je participe pendant notre séjour aurait convaincu même les plus ignorants de la nature sportive de ce jeu très stratégique. Avec mon co-équipier hollandais qui vit dans l’île depuis quelques années nous nous qualifions pour la finale de la Trophée Camp l’O. C’est François, le patron de notre camping qui avait organisé cet évènement rassemblant tous les campings de l’île. La veille de la finale on m’invite de prendre l’apéritif avec quatre légendes de la pétanque française :

Prendre l’apéro avec des véritables champions très sympas m’était un immense honneur ! Les gars sont très abordables et nous montrent leur savoir-faire hallucinant le lendemain lors de finale. Ateliers de tir, stratégie du jeu et notamment une sorte d’école de pétanque pour les jeunes qui en ont profité en grand nombre, les pros étaient présents s’intégrant sans manières dans la foule des campeurs. Ron et moi sont éliminés aux quarts de finale ce qui nous permet de savourer les triplettes qui jouent les demis et ensuite la finale. Cette fois-ci le tirage au sort transforme les doublettes en triplettes assignant un des champions à chaque équipe qualifiée.

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Le tirage au sort pour les finalistes
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Les demi-finales

Bref cette belle journée restera bien longtemps dans ma mémoire ! Elle était parfaitement organisée, conviviale et comme toujours les Français nous ont accueillis à bras ouverts, s’étonnant quand même que la pétanque est si peu connue en Allemagne.

 

Petite curiosité : à la buvette je discute avec une dame (elle gagnera la trophée) qui se révèle être la présidente du jumelage entre Taverny (95) et notre ville voisine de Lüdinghausen… il y en a encore des personnes qui soignent l’amitié franco-allemande !

 

Grande curiosité : la triplette féminine allemande remporte la finale de la Marseillaise sur la triplette française.

 

Après deux semaines de détente nous quittons l’île d’Oléron pour doucement rentrer en Allemagne étant heureux d’avoir fait de nouveaux amis parmi les autres campeurs français notamment.

 

Comme prochain arrêt la ville de Reims où nous allons rencontrer notre amie et consœur Marie-Laure  LYON et son compagnon Patrick. Comme il y aura 668 km à faire nous décidons de faire une pause à Villabé (95) aux portes de Paris. Comme il n’y a pas de restauration on décide d’aller manger une pizza à la petite camionnette qu’on a repérée au coin d’un rond-point. Clara (ma fille aînée) et moi discutons longtemps avec le jeune couple gérant sur l’avenir de l’Europe, la peur existentielle causée par la pandémie et les relations franco-allemandes. Elle est une de ces rencontres que le hasard te met sur la route t’obligeant de refléter les motivations, les peurs et les espoirs d’une autre génération, celle des jeunes Français et Françaises dans ce cas. Ce soir-là je me rends compte qu’il faut toujours être prêt à écouter cette génération attentivement afin de ne pas perdre le contact si important pour notre vie commune !

Le lendemain nous écoutons « Sur la route » de Gérard de Palmas, chanson dont le titre va très bien avec notre petit tour de France. Arrivés à Reims Marie Laure et Patrick nous attendent. Ils nous invitent de loger chez eux dans leur nouvel appartement qui offre une vue splendide sur la cathédrale. Nous fêtons les retrouvailles joyeuses avec un verre de champagne avant d’aller visiter le centre-ville. L’ambiance y est plutôt décontractée, ce qui nous fait oublier un peu la crise actuelle. Tout de même les gens respectent le protocole sanitaire et le les gastronomes font de leur meilleur pour accueillir leurs clients dans un cadre agréable. Ainsi on s’installe dans un petit restaurant où du ratafia bien frais est servi pour l’apéro. Pendant le repas nous discutons encore l’Europe, bien évidemment des sujets franco-allemands et des cas cliniques qui font travailler nos cervelles. Et oui il y en a qui nous occupent longtemps ! Ensuite nous nous retrouvons sur le parvis de la cathédrale où un spectacle son et lumières est prévu pour ce soir. Là encore je dois constater que nos voisins français respectent mieux les mesures sanitaires que les Allemands, la presque totalité des spectateurs portant un masque et gardent les distances. Le spectacle qui suit nous laisse bouche bée tellement c’est magnifique !

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Le lendemain Marie-Laure et Patrick nous font découvrir le marché du quartier. Nous nous y approvisionnons en fromage, le vieux cantal, la dent du chat et notamment le chaource sont des fromages rarissimes en Allemagne. J’adore les discussions aux stands de marché, cette fois-ci avec le fromager :

 

- Lui : « Z’êtes d’où ? Je ne vous ai jamais vu avant. »

 

- Moi :« D’Allemagne »

 

- Lui : « Vous n’avez pas de fromage chez vous ? »

 

- Moi : « Si, mais le choix est plutôt limité, mes compatriotes n’aiment pas le fromage qui goute trop le fromage »

 

- Lui après un instant de brève hésitation : « Mais comment pouvez-vous vivre dans de telles conditions ? Tenez, je vous porterai secours ! »

 

Il remplit le panier avec mes fromages préférés et rajoute un beau morceau de langres. Nous nous quittons en nous promettant de se revoir prochainement afin qu’il me fasse gouter d’autres fromages qu’il a affinés lui-même. Promis ! J’y suis retourné pour la toussaint

 

Le temps étant venu pour nous de quitter Marie-Laure et Patrick, nous remplissons notre vieille bagnole d’une caisse de champagne et des victuailles achetées au marché.

 

Avant que notre Tour de France 2021 ne s’achève, ils nous restent 500 km qui nous mèneront á travers la Belgique et les Pays bas. Tard dans la soirée nous arrivons à la maison où quelques voisins nous attendent dans la rue. « Alors racontez, est-ce que vous avez passé de bonnes vacances ? » Et nous leur racontons ce qu’on vient de vivre en traversant la France…

 

Messieurs PUCINELLI, MONTORO, SUCHAUD, SEVERIN (polo rouge) et QUINTAIS

La famille SEVERIN vous souhaite bonnes fêtes et n’arrête pas d’attendre avec impatience de tous vous revoir en 2022 lors des journées FAV !

 

Amicalement

 

Ulrich SEVERIN

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