Journées FDV 2022 de FDV du 26 mai au 29 mai à Weimar/Erfurt (Thuringe)
Du 26 au 29 mai, nous avons pu (enfin) revoir nos amis tant allemands que français à Weimar.
Jeudi 26 mai
Nous nous sommes rassemblés à l’invitation de Hilde et Hanno FREISEN à l'Hôtel Kaiserin Augusta (de Saxe-Weimar-Eisenach, impératrice allemande née à Weimar, grand'mère de Guillaume II). Après l'apéritif et les petites allocutions d'accueil, un repas en commun a permis à chacun de reprendre contact avec les consœurs, confrères et conjoints, les étudiants et même quatre enfants/adolescents toujours bienvenus. Le programme des journées a été présenté par Hilde, véritable cheville ouvrière de l’organisation.
Vendredi 27 mai
Par un temps plutôt frais et légèrement maussade (parapluies intermittents) au début, un bus de ville nous a conduits dans le centre, déjà occupé par l’homme de Weimar-Ehringsdorf, forme précoce de l’homme de Néandertal, il y a au moins 200 000 ans, que des guides bilingues nous ont fait découvrir, agrémentant leur présentation d'anecdotes plaisantes (GOETHE et un chien, Napoléon III, etc...). À commencer, en déambulant sur les pavés d'époque, par le Théâtre National Allemand de Weimar - ou de Thuringe -, dont le premier directeur fut GOETHE lui-même, pendant près de trente ans. Le monument sur la place commémore d'ailleurs la collaboration que les deux amis, GOETHE et SCHILLER, y entretinrent. C'est un des monuments les plus célèbres et les plus aimés d'Allemagne. Ultérieurement LISZT et Richard STRAUSS y furent aussi directeurs musicaux. Grâce à la tradition humaniste de la ville, après la première guerre mondiale et la chute du Reich, en contrepoint au climat politique lourd de l'époque à Berlin, ce théâtre a été également le siège de l'Assemblée constituante de l'Allemagne républicaine, appelée plus tard la République de Weimar (1919-1933).
À quelques pas, sur la Herderplatz, se trouve la belle église Saint-Pierre-et-Paul (invité par GOETHE, Johann Gottfried von HERDER, poète, philosophe et théologien, y fut pasteur jusqu'à sa mort). Nous y avons admiré, entre autres, le célèbre tryptique de Lucas CRANACH (l’ancien) terminé par son fils Lucas (CRANACH le jeune) en 1555. Martin LUTHER venait régulièrement prêcher dans ce temple réformé, dans lequel Bach jouait souvent de l'orgue (deux de ses fils y furent baptisés).
Le temps de plus en plus clément nous permit de parcourir Weimar plus posément : sur la Marktplatz, se situe l'Hôtel "Elephant" (un temps réutilisé par le régime nazi) et un peu plus loin le château résidentiel, lieu de la cour de Saxe-Weimar. Chemin faisant, nous croisons le souvenir d'autres personnages illustres : Jean-Sébastien BACH (musicien du duc pendant une décennie, il composa ici la plupart de ses œuvres pour orgue), ses fils, dont Carl-Emmanuel, Richard WAGNER, Hans-Christian ANDERSEN et NIETZSCHE (qui y mourut). Plus aimablement, nous avons admiré dans la cour du conservatoire de musique un magnifique et extraordinaire ginkgo biloba vieux de 280 ans (peut-être planté par GOETHE, dit-on !).
Nous passons devant et contemplons la maison donnée par le grand-duc Carl-August de Saxe-Weimar-Eisenach au grand homme, où celui-ci résidera jusqu'à sa mort (1832), avant de tous nous retrouver pour un petit repas avec Schwarzbier (bière noire) dans une belle maison à colombage, le restaurant "Köstritzer Schwarzbierhaus".
L'après-midi ensoleillé nous conduit au Musée du Bauhaus, puisque Weimar peut s'enorgueillir d'avoir vu naître ce mouvement en 1919. Walter GROPIUS, le fondateur, a pu rassembler à Weimar l'avant-garde de tous les artistes européens : FEININGER, KLEE, KANDINSKY, MUCHE, Van de VELDE, SCHLEMMER, BREUER (le designer)... C'est en suivant une guide passionnée, que nous nous rendons compte de la créativité et du modernisme que ces talents ont développés il y a déjà cent ans : par exemple, y sont présentés la maquette de la maison "Am Horn" et de très nombreuses réalisations en architecture, mobilier, bois, textile, métal, verre, peinture, sculpture et même théâtre et danse. Quoique ce mouvement ait été malmené notamment de 1933 à 1945, l'université du Bauhaus de Weimar accueille toujours des étudiants de tous pays (France comprise) et des réalisations voient le jour en permanence dans le monde entier.
De retour à l'hôtel, les deux assemblées générales se déroulent à partir de 16 h 30. Un petit concert surprise mais bien venu, tout en fraîcheur, offert par la famille DALSTEIN (violon et piano) nous emmène jusqu'au dîner qui clôture cette journée.
Samedi 28 mai
Dès le matin, nous partons tous en bus pour la capitale de la Thuringe, Erfurt, 200 000 habitants (Weimar n'en a que le tiers). Après une courte balade à pied sous le soleil, près du marché aux fleurs (et aux asperges !), un petit tramway touristique, en suivant sa voie ferrée, nous fait découvrir l'ensemble de la ville. La première surprise vient de la juxtaposition, au-dessus de la place du marché (Domplatz) de deux édifices imposants vraiment très proches l'un de l'autre : la vaste cathédrale Sainte-Marie et l'église Saint-Séverin.
Ici aussi, LUTHER, BACH, GOETHE, sont des figures emblématiques. Le guide, parfaitement francophone, nous fait découvrir le développement harmonieux et la richesse de cette ville placée sur le trajet Rhin/Russie (ou Paris/Moscou) qui fit partie de la Ligue hanséatique. De fait, véritable carrefour, elle pouvait aussi relier les ports du Nord à l'Europe centrale et à l'Italie (route du sel). Nous pouvons constater qu'il n'y a pratiquement pas de banlieue alen-tour. Cette agglomération, sujette aux trop fréquentes inondations de la rivière Gera, a été ceinturée par un canal qui l'en protège désormais. Dans le centre, nous admirons l'imposant Hôtel de Ville sur le Fischmarkt, de multiples bâtiments du Moyen Âge, décorés d'allégories mythologiques ainsi que les immeubles propres à une capitale de Land.
Nous terminons à pied sur le célèbre "Krämerbrücke" (pont des épiciers). C'est le plus long pont habité d'Europe (120 m) ; pour s’y installer, artistes et artisans sont cooptés par la ville). Des plants de pastel visibles devant certaines échoppes nous ont appris - grâce au guide, fin botaniste - que c'est l'utilisation de ce végétal qui, seul capable alors de fournir la couleur bleue, assura la prospérité de la cité aux XVe/XVIe siècles. Revenant vers le restaurant "Zum Goldenen Schwan" (en Allemagne, les hôtels et restaurants ont presque toujours des emblèmes d'animaux colorés !) qui nous accueille pour le déjeuner, nous traversons (à pied sec) la Gera, dont on peut voir de loin en loin des gués fort indispensables jadis.
Après le repas, de retour à Weimar, le groupe se disperse et chacun selon ses intérêts participe aux conférences scientifiques (tares oculaires et utilisation du laser en ophtalmologie), visite la Bibliothèque de la duchesse Anna Amalia (Grande Duchesse et mère de Carl-August), le château Belvédère ou le Mémorial de Buchenwald - seulement à 10 km de la ville et accessible en transport public -, impressionnant (au moins 240 000 déportés de toutes nationalités transitèrent par ce camp, y furent torturés, et 50 000 y furent assassinés).
En début de soirée, heureux de la confraternité et de l'amitié qui nous animent, nous participons au dîner de gala. La traditionnelle remise de cadeaux aux organisateurs Hilde et Hanno pour ces journées réussies est suivie en fin de repas de l'Hymne européen chanté par les étudiantes et étudiants, puis le groupe français entonne le "Bourgelat", maintenant bien connu de tous, suivi du chant "Nous formons une équipe…" repris et mimé avec enthousiasme par les tablées au complet.
Dimanche 29 mai
Après un petit déjeuner convivial, les adieux et au revoir, exubérants mais un peu perturbants pour le service de salle (!), promettent à chacun un retour dans un an à Pau dans la joie, la bonne humeur et la santé.
Philippe HERVÉ

Notre hôtel Kaiserin Augusta à Weimar


Devant le Théâtre national de Weimar, le monument à Goethe et Schiller (Goethe-Schiller-Denkmal),
par le sculpteur Ernst Rietschel (1857). Goethe est à gauche.
Dans l’église Saint-Pierre-et-Paul, la partie centrale du célèbre tryptique des Cranach père et fils (1555).

La statue de Johann Gottfried v. Herder par Ludwig Schaller (1848) devant l’église Saint-Pierre-et-Paul

L'église Saint-Pierre-et-Paul, gravure par Oeder, en 1840

La maison/musée de Goethe à Weimar


Le musée du Bauhaus à Weimar
Vitrine consacrée à Walter Gropius

la cathédrale Sainte-Marie et l'église Saint-Séverin

Le "Gildehaus" (photo de gauche), situé sur le Fischmarkt, forme avec le "Haus zum Breiten Herd"(photo de droite) un groupe impressionnant de bâtiments. Alors que la "Haus zum Breiten Herd" est un magnifique bâtiment coloré de style Renaissance, la Gildehaus (également appelée "Haus zum Stötzel") est un bâtiment modestement coloré dans le style de l'historicisme. Cependant, les deux bâtiments sont visuellement unis par la conception détaillée de leur façade. La façade de la maison "Zum Breiten Herd" est caractérisée par la représentation des cinq sens, dite la "frise des cinq sens", tandis que la façade de la "Gildehaus" montre la représentation des vertus humaines de la justice, de la modération, sagesse et bravoure.



Une vue du "Krämerbrücke" (pont des épiciers)